Écriture

Memories for the 21st century
Georgetown University, 2002, 273pp. (in collaboration with Jean-Max Guieu)

Memories for the 21st Century
Selected Cultural Experiments in 20th Century France
Introduced & Edited by Jean-Max Guieu & Michèle Sarde


In order to commemorate the 50th anniversary of the Georgetown University Faculty of Languages and Linguistics, the French Department hosted two conferences, thanks to a generous grant from the E. Joseph McCarthy Fund.

In the Spring of 2000, the first conference, "Memories for the 21st Century: Intellectual Experiments and Retrospectives of 20th Century France," was organized by Professor Michèle Sarde; presented under the patronage of the French Embassy Cultural Services in the framework of their Journées de la Francophonie, it featured French writers Dominique Desanti and Marcel Bénabou. In the Fall, a second conference was organized by Professor Jean-Max Guieu: it was dedicated to the celebration of the 1900 Paris World's Fair. The different sessions of these two conferences were introduced by Debbie Lesko-Baker (Chair, Department of French) and chaired by Joseph Brami (University of Maryland), Pierre Taminiaux (Department of French), Ralph Tarica (University of Maryland) and Charles Weiss (Department of Chemistry).
Excerpted from "Forward & Acknowledgments"

Dominique Desanti, témoin privilégié

À la page 275 de ses Mémoires, soudain, Dominique Desanti lance aux jeunes générations cette invitation en forme de supplique : « Secouez-nous, on est plein de passé ! » Dans un autre passage, elle complète ainsi l'expérience de la mise en mémoire : Décidément, revisiter le passé conduit à se projeter dans l'avenir ». Pour opérer cette catharsis qui consiste à projeter ce passé proche encore palpitant, depuis la fin des années 30 jusque dans ce 21e siècle où nous nous préparons à pénétrer, Dominique Desanti est un témoin irremplaçable, par ce qu'elle a fait comme par ce qu'elle a écrit. Sa vie tout d'abord a été celle d'une femme au dessus du commun, capable de déposer une bombe sur une voie ou capable de rentrer déguisée en infirmière allemande dans une prison nazie pour en faire évader un prisonnier, épisode identique à une scène du film de Melville L'Armée des ombres. « Les actes deviennent héroïques après coup », a dit une autre grande Résistante, Lucie Aubrac. Il faut le dire : Il y a eu des actes héroïques dans l'existence de Dominique Desanti, même si sa modestie doit en souffrir, et même si dans ses Mémoires elle se donne pour tache prioritaire de mener, avec une rare lucidité et une absence complète d'autocomplaisance, le difficile travail de mise en question de soi, sans passer sous silence les erreurs ou les échecs.

Mais cette vie d'exception, elle a été capable de la partager avec d'autres et d'avoir le courage de la mettre en écrit. Actrice privilégiée de son temps, Dominique Desanti, de par sa décision d'écrire ses Mémoires, se fait le grand témoin. Le titre est éloquent : Ce que le siècle m'a dit. Ses Mémoires sont une écoute du siècle, un dialogue, un échange vivant, parfois exaltant, parfois déchirant, lorsque Dominique Desanti l'interroge sur l'innommable des choses, sur l'inexplicable comportement des hommes. Mais I'objectif ne varie par : la vérité d'abord, quel qu'en soit le prix, et la vérité sur soi d'abord, même quand ça fait mal.

Comme femme résistante, Dominique Desanti est personnellement responsable de l'attribution du droit de vote aux Françaises en 45 puisque de Gaulle y avait poussé en reconnaissance du rôle que les femmes avaient joué dans la lutte contre le nazisme et l'Occupation. Correspondante de guerre ou grand reporter, elle peut être considérée comme un modèle pour les jeunes femmes, elle qui fut pionnière dans tant de domaines où progressivement les femmes commencent à s'installer.
Extrait de l'introduction de Michèle Sarde à l'intervention de Dominique Desanti : « Témoignage : ce que le siècle m'a dit »