Écriture
Colette, Sido
Lettres
Préfaces de Bertrand de Jouvenel, Jeannie Malige et Michèle Sarde
L'Empire de Sido
En Colette, anesthésiée par sa passion pour Jouvenel, puis par la conception de Bel-Gazou sa fille, peu de temps après la mort de sa mère, un lent travail de deuil s'élaborait intérieurement, qui aboutira à faire de la Sido symbolique la matrice de toute son œuvre.
Ainsi la boucle était bouclée. Si la future écrivaine fit souvent la sourde oreille aux objurgations de la Sido vivante, qui commandaient d'écrire et de « lui » écrire, l'auteur des grandes œuvres de la maturité rendit justice à sa mère morte et écrivit d'elle et pour elle. La lecture globale de l'œuvre de Colette révèle que le corps textuel de l'écriture est le signifiant de la mère absente, de la femme cachée avec laquelle Colette associait à l'infini le lien symbolique de la terre. « Laissez-moi le droit de m'y cacher, fût-ce à la manière de la Lettre Volée. »
Ainsi va-t-il de l'Écriture, lieu de passage où se nouent et se résolvent les
contradictions, et où se reconstituent magiquement les corps évaporés de celles qui nous
furent chères et la chaîne qui lie indissociablement la fille absente à la mère perdue.
Extrait de la préface de Michèle Sarde