Écriture

Le perroquet et le docteur
érès, 2023

Adieu Lacan
Betty Milan
« Le Perroquet de Lacan », postface de Michèle Sarde


Voici réunis en un seul volume un roman – Le Perroquet de Lacan – et une pièce de théâtre – Adieu Docteur – tirés de l’analyse de Betty Milan auprès de Jacques Lacan dans les années 1970. Le roman sur le drame de l’immigration et la perte d’identité, la pièce de théâtre sur le genre et la maternité sont les deux faces de cette expérience analytique fondatrice.
Quatrième de couverture

Extrait de la postface
Au début de ce roman, Seriema, l’héroïne du Perroquet de Lacan, se demande « par quel bout la prendre, cette histoire ». Elle commence à la prendre par l’autre bout du monde, le monde de l’autre, c’est-à-dire, pour cette native de São Paulo, le Paris intellectuel et dominateur du brillant Docteur. Mais Seriema finit l’histoire par où elle commence, dans la patrie de Vari où ses ancêtres libanais sont arrivés du pays du Cèdre. Pour terminer l’histoire par le bon bout, il faut l’arrêter dans la langue où l’on rêve. [...]
La remémoration de Seriema fait revivre un monde qui n’est ni exotique ni étranger, mais étrange pour les Brésiliens sans doute comme pour les non-Brésiliens, puisqu’il est celui de la diaspora dans la diaspora, d’une minorité étrangère dans son propre pays, d’une émigration particulière dans un pays d’immigration. Séparations, exils, nostalgies et mal de vivre, acculturations et refus d’intégration, comme des poupées russes, s’emboîtent les uns dans les autres : chrétiens au Liban, Turcos venus du pays du Cèdre dans le pays des perroquets blonds, Brésilienne dans un Paris où même le Docteur rêve d’Amérique. L’image de la miniature persane au pays des Tupis figure la déperdition, le déficit de civilisation qu’implique chaque nouvelle partance mais aussi l’acquis et la richesse du nouveau métissage.
Michèle Sarde
[Texte de la postface de Le Perroquet et le docteur, de la même autrice, revu et adapté pour cette nouvelle édition]